Sans queue ni fête : dans la queue à Paris et à NYC, pourquoi?

Comment expliquer la formation de ces longues queues qu’on a pu voir devant des boulangeries, des pizzerias ou commerces branchés, par un froid glacial à Paris, et pire encore, à New York ? Pour une viennoiserie, ou une place de spectacle qu’on n’est même pas sûr d’obtenir. Dodai Stewart, journaliste de la rubrique locale du New York Times, s’est posé la question alors qu’elle était attablée au Grand Café & Bakery à New York.

Là-bas, une foule s’amasse régulièrement pour avoir droit à un Suprême, une sorte de croissant rond à spirales, rempli de crème. Le Suprême, contrairement à une place à la table de la boulangerie, ne s’obtient qu’en faisant la queue. Le phénomène n’est pas nouveau : on se souvient de cet hybride de croissant et de Donut, le Cronut, qui  fit fureur à New York, à son apparition. A Paris, on a vu les files s’allonger devant Popolare, ou East Mamma, propriétés de Big Mamma group, les addicts à Instagram se presser pour un pain au chocolat Cédric Grolet, avenue de l’Opéra. Devant Kodawari Ramen à Odéon (qui reproduit à l’intérieur l’atmosphère d’une rue tokyoïte), comme à l’As du Falafel, rue des Rosiers, la queue est quasi constante. Ce dernier printemps, Gros Bao, pourtant fort de 350m2, sur le Canal Saint-Martin, laisse quelques futurs clients patienter dehors.

Et à New York, qu’est-ce qui pousse donc les gens à faire la queue par des températures culminant à -3 degrés pour des billets de comédie musicale qu’ils ne sont même pas certains d’avoir ? L’espoir suffit, visiblement, découvre la journaliste qui a passé neuf heures, réparties sur quatre jours, dans ces files de la Grande Pomme pour aboutir à cette conclusion. Et si, ce qui comptait n’était pas le but, la viennoiserie par exemple, mais l’attente ? Cette variante de the journey, not the destination est un peu osée mais s’explique par le fait que la queue offre une chose rare à New York, cette ville que caractérise sa vie trépidante, effrénée : un moment de pause, une opportunité pour converser avec ses semblables au lieu de les croiser sans leur jeter un regard.

Enfin, après les queues qu’on a dû faire pour un test ou un vaccin contre le COVID, l’effervescence que l’on ressent chez les clients sur le point de toucher au but n’est pas une vue de l’esprit. On reconnaîtra là sans doute les traits d’une culture plus prompte à s’ouvrir et moins prête à patienter (selon le cliché toujours vif en Amérique selon lequel les Français aiment à s’éterniser dans des repas de plusieurs heures). Et peut-être finalement des traits générationnels. Tel est l’avis  en tout cas de Nigel Prance, soixante-dix ans, qui trouve les nouvelles générations bien plus patientes que la sienne. Les Millenials ou la GenZ moins pressés que leurs aînés ? La compagnie du smartphone n’y est sans doute pas étrangère suggère-t-il sans manichéisme, en constatant qu’elle n’empêche pas les conversations impromptues.

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