Siège 11A: le seul survivant, un crash et le business de la peur

Quand le vol Air India AI171 s’est écrasé, une seule personne a survécu. Il était assis au siège 11A, à côté d’une issue de secours. Ce miracle en plein désastre a relancé une vieille question : certains sièges sont-ils plus sûrs que d’autres ? Tandis que les compagnies aériennes monétisent ces places stratégiques à prix d’or, ce drame révèle à quel point la peur de l’accident devient un argument de vente… très rentable.

Le 14 avril 2025, à 4 h 38 du matin, le vol AI171 d’Air India entame sa descente d’urgence vers Djeddah après une double panne moteur. Le commandant lance un appel Mayday. Quinze minutes plus tard, l’appareil s’écrase en mer Rouge. Les secours n’ont retrouvé que des fragments, des bagages… et un homme.

Son nom : Ramesh Vishwas Kumar, 36 ans, ingénieur en informatique, en déplacement vers Londres pour une conférence. Il occupait le siège 11A, situé juste au niveau de l’issue de secours sur l’aile gauche. Son témoignage – bref et pudique – révèle qu’il a réussi à ouvrir la porte après l’impact, à se hisser hors de l’avion, et à s’agripper à un panneau flottant pendant 20 minutes jusqu’à l’arrivée des secours. Depuis, le siège 11A est devenu un symbole. Celui de la survie, du hasard… et d’un étrange privilège.

Ramesh Vishwas Kumar, miraculé

L’effet “11A” : fantasme ou réalité statistique ?
Les spécialistes de l’aviation sont unanimes : aucun siège ne garantit la survie. Mais certains sont statistiquement mieux placés en cas d’évacuation. En 2007, une étude de Popular Mechanics a passé au crible 20 crashs : les passagers assis à l’arrière de l’avion avaient 40 % de chances en plus de survivre que ceux à l’avant.

Une autre étude, menée par la FAA (Federal Aviation Administration), affirme que les passagers à cinq rangées maximum d’une sortie de secours sont les plus susceptibles de s’échapper à temps, surtout en cas d’incendie.

Mais attention : dans un crash violent comme celui d’AI171, ce genre de donnée pèse peu. Ce jour-là, seule la sortie de secours gauche était restée intacte. Tous les autres passagers étaient piégés. Rajesh Malhotra a survécu par réflexe, par hasard… et par emplacement.

Ces sièges qu’on paie comme de l’or
Aujourd’hui, presque toutes les compagnies aériennes monétisent les issues de secours. Ces sièges, souvent situés aux rangées 10 à 13, sont vendus comme un privilège :
Plus d’espace pour les jambes (jusqu’à 10 cm de plus)
Proximité d’une sortie d’urgence
Moins de passagers autour (pas de rangée devant)
Le tarif ? De 25 à 180 € supplémentaires, selon la compagnie et la distance.

Chez Lufthansa, ces places sont vendues comme « sièges de confort ». Chez Ryanair ou easyJet, elles figurent en rouge dans les plans de cabine, accompagnées d’un message : “Issue de secours – à partir de 29 €”. Une forme d’upselling fondé sur la peur ?

« Oui, c’est de la psychologie appliquée au portefeuille », analyse Camille Legrand, spécialiste du comportement consommateur. « Les passagers veulent du contrôle, de la sécurité, de la distance. Les compagnies le savent très bien. »

Peut-on payer pour survivre ?
La question dérange. Car ces sièges ne sont pas accessibles à tous. Par mesure de sécurité, ils sont interdits aux :
enfants de moins de 15 ans,
personnes à mobilité réduite,
femmes enceintes,
passagers non francophones ou non anglophones (en cas de vol européen).

En cas d’urgence, le passager en issue doit savoir ouvrir la porte, suivre les consignes, et aider les autres à évacuer. Il signe même une clause d’engagement lors de la réservation.

Mais une interrogation éthique demeure : faut-il payer pour avoir une chance de s’échapper plus vite ?

“C’est une forme de sélection économique par la peur”, estime Nicolas Lemaitre, juriste en droit du transport aérien. “Dans un monde juste, la sécurité ne devrait pas être liée au prix.”

L’avion, ce théâtre de nos angoisses modernes
Ce n’est pas un hasard si l’affaire du 11A a autant ému. Dans l’imaginaire collectif, l’avion cristallise des peurs profondes : le manque de contrôle, la promiscuité, la dépendance à la technique. Même si l’aviation est l’un des moyens de transport les plus sûrs au monde (1 accident mortel pour 7,7 millions de vols en 2024 selon l’IATA), la peur reste viscérale.

D’où ce besoin croissant de “choisir son siège”, de payer pour “voir les ailes”, “être à l’arrière”, “éviter les turbulences”… ou, désormais, “s’asseoir là où quelqu’un a survécu.”

Rajesh Malhotra, malgré lui
Le survivant du 11A, Ramesh Vishwas Kumar, est depuis retourné vivre à Mumbai. Il a refusé les offres d’interview, les documentaires, les plateaux télé. Dans un unique communiqué transmis à la presse, il écrivait :
“Je n’ai rien à enseigner. J’étais juste au bon endroit au bon moment. Ce n’est pas le siège qui m’a sauvé. C’est un mélange de chance, de réflexe, et d’incompréhension totale.”
Il a demandé à ce qu’aucun film ne soit tiré de son histoire. Mais déjà, à Bollywood comme à Netflix, le projet circule.

Un avenir régulé ?
Face à l’émotion suscitée par cette affaire, certaines voix s’élèvent pour demander une réglementation internationale. Pourquoi ne pas interdire la tarification des sièges aux issues de secours ? Pourquoi ne pas rendre leur répartition équitable ? Ou au moins exiger plus de transparence sur ce que les compagnies font payer ?

À Bruxelles, la Commission européenne affirme “examiner le sujet”. L’IATA, de son côté, plaide pour la liberté commerciale des compagnies.

Mais sur les forums de voyageurs, une tendance émerge : un retour à l’aléatoire. De plus en plus de passagers refusent de payer leur siège, estimant que “cela ne change rien”. Et d’autres, à l’inverse, ne voyageraient plus jamais ailleurs qu’en rangée 11.

Une question d’émotion, pas de statistiques
Le siège 11A ne garantit rien. Mais il symbolise notre besoin de croire que l’on peut maîtriser l’imprévisible. Il incarne une époque où tout, même une chance de survie, semble pouvoir s’acheter. Et au fond, c’est peut-être ce qui nous dérange le plus.

Comprendre les sièges en issue de secours
Avantages :
– Plus d’espace pour les jambes
– Sortie potentielle plus rapide en cas d’évacuation
– Moins de bruit que près des moteurs

Inconvénients :
– Interdits aux enfants, PMR, femmes enceintes
– Pas de bagages au sol
– Responsabilité accrue en cas d’urgence
– Parfois très proches des ailes (vue limitée)

Prix moyen :
– Entre 25 € et 180 € selon la compagnie
– Souvent modifiable jusqu’à l’embarquement

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