Sympathie pour le diable
La biographie sortie en 2017 du fondateur de Rolling Stone magazine, Jann Wenner, n’a pas plu à ce dernier qui a finalement redigé sa propre version des faits. Pourtant, comme un bootleg (version non-autorisée), le livre de Joe Hagan, jamais traduit, est excellent. Extraits.
Lorsque Mick Jagger vit le premier numéro du magazine, il fut soufflé par l’outrecuidance qui consistait à nommer un journal d’après son propre groupe et à ne pas mettre les Rolling Stones en couverture. Cinquante ans plus tard, l’affront demeurera gravé dans la mémoire de Jagger. «Pourquoi est-ce que Jann l’a appelé ainsi, alors qu’il y avait déjà un groupe du même nom ? «Il aurait pu penser à autre chose, franchement. Je veux dire, je sais que le nom vient du titre d’une chanson, mais ce n’est pas ça, le problème.”
Le voilà qui essaie de discerner la logique à l’œuvre chez Wenner :
Le nom de la chanson n’a rien d’obscur, mais ça ne désigne pas non plus quelque chose. C’était une chanson. Évidemment, il n’y a pas de droits d’auteurs dans un cas pareil. «Glace Rolling Stone», allez-y, faites-donc. Mais il s’agissait d’un magazine sur le rock. Ce n’était pas donc pas tout à fait la même chose que de baptiser une variété de glace. Le lien est à l’évidence plus étroit. C’était même un lien des plus étroits. Pourquoi ne pas l’avoir intitulé Beatles, ou changer légèrement l’orthographe, quelque chose du genre ? C’est ridicule, quand on y pense. Mais il aurait pu le faire. C’est une sorte de compliment qu’il nous fait, mais ce titre n’a rien d’original.
Keith Richards l’a dit plus succinctement : «Nous nous sommes dit : «Quel voleur ! «
Dès le début, le nom a entretenu la confusion. «Parce que Rolling Stone venait tout juste d’être créé», explique Jerry Hopkins, «je devais constamment expliquer aux gens : «Non, je ne parle pas du groupe, mais du journal». «
Wenner a déclaré un jour qu’il n’avait eu aucun mal à obtenir de la compagnie de téléphone qu’elle installe ses lignes commerciales sur Brannan Street parce qu’elle «croyait que nous étions les Rolling Stones». Il a profité de la méprise, ce qui n’a pas échappé à Allen Klein, le manager du groupe, qui a immédiatement envoyé à Wenner une lettre de mise en demeure. «Votre conduite déloyale constitue, à tout le moins, un détournement des droits de propriété de mes clients sur le nom Rolling Stones à votre propre avantage commercial», écrivit alors l’avocat de Klein. «Il s’agit également d’une violation des droits d’auteur de mes clients sur le nom «Rolling Stones». «
L’avocat demanda à Wenner de rappeler et de détruire tous les exemplaires de Rolling Stone, s’il voulait échapper à «une action en justice immédiate, comprenant une demande de référé et de lourds dommages et intérêts.”
Wenner, dont l’amitié avec Jo Bergman, l’attaché de presse des Stones, l’avait incité à promettre «une interview de Mick Jagger» dans un communiqué de presse de Rolling Stone, se mit à vivre dans un état de terreur dissimulée. En novembre 1967, il écrivit directement à Jagger dans l’espoir d’éviter un procès. La lettre commence ainsi «Salut de San Francisco». «J’ai l’impression que vous n’avez pas la moindre idée de cette action en justice entreprise en votre nom», écrit-il, «en effet, il me semble que ce n’est pas le genre des Stones».
Wenner demanda à Jagger de lui accorder une interview téléphonique afin que Rolling Stone soit en mesure de publier un article positif sur les Rolling Stones. «Ce serait cool», lui dit-il, «car tout ce qui se passe avec tout le monde nous intéresse énormément».
«Il me semble que c’est une regrettable méprise», conclut-il «On vous aime.»
Il ne reçut aucune réponse, et Wenner, embarrassé, fit part à Bergman de son état de nervosité «en attendant que Jagger retire sa plainte, ce qui était absolument nécessaire” s’il voulait concrétiser un contrat de publicité avec Columbia Records. “Il faut qu’on règle ça avant que ça nous échappe,” lui écrivit-il.
Mick Jagger, tout en se frottant la barbichette, ne pouvait s’empêcher de remarquer la façon bien pratique dont Rolling Stone servait d’outil promotionnel aux Beatles. Wenner en parlait en termes très révérencieux. Et Jagger avait bien l’utilité d’un garçon comme Jann Wenner aux Etats-Unis, surtout après la très mauvaise réception critique de leur dernier album, Their Satanic Majesties Request. Jon Landau l’y avait qualifié dans Rolling Stone de contrefaçon gênée aux entournures de Sgt. Pepper’s et déclaré que la production et les paroles de Jagger étaient «gênantes». Neuf mois et quatorze numéros après la création de Rolling Stone, les Rolling Stones n’avaient toujours pas fait de couverture, alors que leurs grands rivaux, les Beatles, y étaient déjà apparus trois fois. Si la menace de procès était une «malheureuse méprise», c’était aussi un levier commode, et il n’y avait rien que Mick Jagger n’apprécie plus qu’un levier. «Mick n’est pas du genre à pardonner», a pu dire Keith Richards. «Une fois qu’il a planté ses griffes, il n’a jamais laissé personne s’échapper.»
Cet été-là, Jagger apprit que Wenner comptait lancer la version britannique de Rolling Stone à Londres. Jonathan Cott écrivit à Wenner pour lui rapporter les rumeurs circulant sur les problèmes juridiques qu’il aurait avec les Stones s’il se lançait sur le marché anglais. Bergman, le secrétaire des Stones, prévint Cott que «les Stones seraient capables de mettre de déchaîner la foudre judiciaire, puisqu’il existe déjà un Rolling Stone Magazine du groupe». Pour Cott, ce n’était pas « le bon endroit ».
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